Pour aujourd'hui, je laisse carte blanche, ou plutôt, je prête ma plume à Ludovic Roif, gourmet éclairé et entremetteur du TerroirCamp que j'ai connu grâce à ma fameuse tarte magique en juin dernier... Et quelle plume ! De l'enchantement à la lecture comme une rencontre inattendue, comme un cadeau que l'on découvre où se virevoltent les mots entre plaisir, enthousiasme et sincérité... Ô Merci à toi ;) (Et tu peux revenir quand tu le souhaites, y'aura toujours du bon café et des petits biscuits qui t'attendent à la maison.)
Première adresse rencontrée à Toulouse il y a 2 ans et demi grâce à Hippolyte Courty (aujourd'hui torréfacteur), c'était évident. Nous étions presque voisins. J'y retournais souvent. Enflammée l'avait donc mis sur sa liste. Nous nous y sommes rendus en piaillant accompagnés d'une violoniste gameuse et d'un barbu aux yeux pétillants. Voici donc quelques souvenirs de ce repas que nous avons partagé un jour de novembre ensoleillé.
Le Tire Bouchon c'est déjà un nom. Il sonne comme une aventure croquignolesque. Dans « bouchon » il y a « cochon », et rien ne ressemble plus à une « queue de cochon » qu'un « tire-bouchon »... Sans doute l'auteur du nom a plutôt pensé à l'invitation sonore à déboucher de bonnes bouteilles de vin, ce bruit qui malgré la raréfaction des bouchons de liège de qualité remplacés par quelques capsules en plastique continuent de nous séduire. Oui le Tire-Bouchon tinte comme un espace d'humeur convivial et sans prise de tête... Une cave à manger comme tant d'autres. Et c'est tout à son honneur !
D'abord dédié aux dieux de la vigne (ambiance vivante et nature), sur deux niveaux, quelques tables trouvent place. Des tables qui semblent être arrivées là par hasard, sans préméditation comme s'il avait fallu un jour donner une place à la cuisine dans ce lieu tout entier consacré à Bacchus... Et c'est un peu cela : La cave est née de l'envie de Philippe Lagarde de partager sa passion pour le vin, et quelques temps plus tard, Laurence a décidé de le rejoindre pour partager à son tour ses propres interprétations des saveurs. Ces deux là jouent un duo sans fausse note. Un équilibre paisible se crée et l'étroitesse du lieu n'occasionne aucune bousculade exactement comme les plats qui nous arrivent !
Après une présentation courte de l'ardoise, quelques plats aux intitulés simples se présentent, et puis les assiettes. Avec une grande simplicité, chacune semble présenter un paysage bistrotier classique... On voit pourtant déjà le sens du détail dans la présentation des pieds de porcs panés en allumettes, les feuilles de frisée bien ordonnées. En bouche, les saveurs s'assemblent et l'équilibre du moelleux et du croustillant répond à celui de l'acide et du gras... Irrésistible. Suivent des joues de veau dont la tendresse surprennent chacune de mes papilles. Enveloppées dans un curry à peine relevé, joue contre joue pour une relation toute en intimité, elles se dévoilent sans retenue ce qui n'est pas sans créer des correspondances avec la sensualité de ce joli vin de sirène en provenance de Cadaquès. Le dessert déboule comme une partition finale destinée à nous ramener progressivement à la réalité ! C'est un crumble parfaitement structuré où le moelleux de la mangue fait office de fondations rassurantes, alors que le croustillant de la pâte définit les contours d'une coque brisée et que les citrons verts (très citronnelle) nous élèvent vers des cimes de saveurs glacées.
Nous terminons ce repas heureux comme des compagnons ayant participé à un jeu merveilleux dont certaines règles nous échapperaient encore. La Place Dupuy est là avec ses voitures. Le soleil est franc. Alors que la musique laissée sur nos papilles va progressivement s'éteindre, Naima de John Coltrane sera une transition toute trouvée. A moins que cela soit une belle introduction quand il vous viendra l'envie de vous y rendre. Chanceux Toulousains !
Le Tire-Bouchon Cave à manger
23 place Dupuy, Toulouse (Métro François Verdier) Tel : 05 61 63 49 01
Ouvert du mardi à samedi, de 10h à 20h. Repas servi seulement au déjeuner.
1 De Ludovic -
Merci pour cette belle intro ! Effectivement le premier souvenir que j'ai de toi remonte à cet apéritif au Musicophage où tu étais la seule à avoir emmené un plat préparé par tes soins...
2 De enflammee -
oh merci ! L'intro serait encore plus belle si je l'avais écrite avec mon écriture :)
Je ne pouvais pas ne pas venir avec qqchose de « maison ». Par la suite, j'ai remarqué qu'on se rappelle toujours de moi, même 6 mois après ! La cuisine, la convivialité, c'est simplement magique !
3 De sya -
merci pour cette découverte